Le sentiment de travail empêché : une étude quantitative exploratoire
Cet article présente une investigation empirique sur le concept émergent de « sentiment de travail empêché » (STE) soutenue par une réflexion théorique. À partir des conceptions de Clot (2010) qui le met à l’origine de nombreuses souffrances au travail, nous proposons de le situer, au sein d’un modèle social cognitif, comme attente de résultat réprimée. Ainsi conçu, le STE trouve sa place au cœur de processus motivationnels potentiellement liés aussi bien à des éléments de santé psychique que de performances professionnelles. Un questionnaire de 70 items a été construit sur la base d’une pré-enquête ; les réponses obtenues auprès d’une population de personnes en activité professionnelle (N = 561) ont fait l’objet d’analyses factorielles. L’analyse sans rotation oppose la plupart des items à ceux exprimant de l’attente de résultat ce qui conforte l’approche théorique. L’analyse avec rotation Varimax révèle huit facteurs : empêchement par les collègues, par la charge de travail excessive, l’attente de résultat faible, le manque de matériel adapté, le manque d’autonomie, la santé défaillante, l’embarras et la communication déficiente. On ne trouve pas de différences de STE Général ou de ses facteurs selon le sexe et ces différences apparaissent très faibles selon l’âge. On relève quelques variations significatives de STE Général ou de ses facteurs selon le niveau de diplôme ou la catégorie socio-professionnelle des répondants. Le STE Général est significativement et négativement corrélé au sentiment d’efficacité personnelle, à la satisfaction dans l’emploi, l’engagement, la satisfaction de vie et le bien-être. Les facteurs du STE sont diversement liés à ces variables. Les limites de cette étude sont discutées ainsi que les perspectives qu’ouvre la prise en compte de ce concept pour les interventions en psychologie du travail.
- de travail empêché
- motivation
- souffrance au travail