Les comportements pro- et antisociaux au travail : une recherche exploratoire testant deux échelles de mesure et leurs liens avec des inducteurs organisationnels et individuels

Recherches empiriques
Pro- and antisocial behaviours in the workplace: validation of two scales of measurement and their links with organizational and individual inductors
Par Pascale Desrumaux, Véronique Léoni, Jean-Luc Bernaud, C. Defrancq
Français

Résumé

Les recherches sur les comportements antisociaux au travail (caat) sont nombreuses et permettent de distinguer les comportements anti‑organisationnels et anti‑individuels (Bennett & Robinson, 2000 ; Berry et al., 2007 ; Courcy, et al., 2004 ; Gruys & Sackett, 2003 ; Hershcovis et al., 2007). La même distinction pourrait être opérée pour les comportements prosociaux (Bierhoff, 2002 ; Podsakoff et al., 2000) qui ont été moins étudiés. Dans le but de comprendre les inducteurs de ces deux catégories de comportements, notre recherche a deux objectifs. Le premier est exploratoire et vise à développer une démarche nomologique afin de valider une première version de deux échelles, l’une de comportements prosociaux et l’autre de comportements antisociaux. Le second objectif, dans la lignée du modèle de Leblanc et al. (2004), consiste à étudier les liens entre des variables de l’organisation (justice, engagement au travail) et personnologiques (personnalité, satisfaction) non seulement avec les comportements antisociaux au travail (caat) mais aussi avec les comportements prosociaux au travail (cpst). Un questionnaire de 205 questions a été soumis à 256 salariés du Nord-Pas-de-Calais. Deux analyses des données sur les comportements pro- puis antisociaux ont validé deux échelles comprenant chacune une structure factorielle en 4 dimensions. La première analyse relative aux comportements prosociaux met en évidence quatre facteurs : F1 : Mobilisation‑Dynamisation‑Autonomisation, F2 : Prosocialité de propriété, F3 : Prosocialité de Production/Politique, F4 : Aide. Une opposition entre F1 (comportements pro‑individuels) et F2 (comportements pro‑organisationnels) a été trouvée. La prosocialité de propriété occupe une place centrale dans le facteur 2 et les prosocialités de production et de propriété saturent F3. L’analyse relative aux comportements antisociaux au travail produit quatre facteurs : F1 : Agression, F2 : Déviances de Production et de Propriété, F3 : Déviance de propriété, F4 : Déviance politique. L’opposition F1/F2 (organisation/individus) pertinente pour les comportements antisociaux est retrouvée et justifie l’idée d’une classification distincte en fonction des cibles (organisation/individu) dans les champs de l’anti et de la prosocialité. Ensuite, les analyses de régression ont mis en évidence les liens entre d’une part, les comportements prosociaux et d’autre part, les différentes formes d’engagement et la justice procédurale. De leur côté, les caat sont expliqués par les différentes formes de justice organisationnelle et l’extraversion.

Mots-clés

  • comportements prosociaux au travail
  • comportements anti‑sociaux au travail
  • déviance au travail
  • citoyenneté organisationnelle
  • justice organisationnelle
  • engagement organisationnel
  • personnalité
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