The Social Utility of Research in Work and Organizational Psychology: Current Debates in the French Scientific Community

Cet article rend compte du débat organisé en juin 2024 sur l’utilité sociale de la recherche en psychologie du travail et des organisations (PTO) au sein de la communauté scientifique française en PTO dans le cadre du Junior Colloque du Réseau des unités de recherche françaises en PTO. Après avoir précisé les objectifs de l’article ainsi que ceux du débat et son déroulement, nous tentons de rendre compte de la diversité des positions exprimées lors de ce dernier et de faire émerger ce qui fait consensus d’une part et dissensus d’autre part. Nous montrons tout d’abord qu’il s’agit d’un débat difficile car questionner l’utilité sociale de la discipline revient à la mettre en doute, même si c’est dans l’objectif de mieux la renforcer. Nous synthétisons ensuite la diversité des façons dont les chercheurs se sont saisis de la question de l’utilité sociale de la recherche en PTO : articulation entre visée de recueil de données et visée de transformation ; interactions avec le monde socio-économique et ses différentes parties prenantes aux intérêts souvent contradictoires ; directions axiologiques et téléologiques empruntées par les travaux de recherche de façon plus ou moins consciente et volontaire ; approches micro (par exemple, l’analyse de la demande) et macro (par exemple, les structures économiques) de l’utilité sociale ; destinataires de la recherche et rôles attribués aux parties prenantes ; etc. De ce travail ressortent les conditions à réunir pour une recherche en PTO socialement utile, telles qu’elles sont actuellement perçues par les acteurs de la communauté scientifique française. Le débat met en évidence que les chercheurs sont de fait toujours amenés à prendre parti, mais aussi que cela soulève d’importantes questions en termes d’instrumentalisation ou de crédibilité de la recherche scientifique en PTO. Nous concluons sur le caractère vivant et à faire vivre, en évolution, des positionnements et réflexions ici synthétisés, qui ne sauraient donc être considérés comme une position figée de la communauté scientifique française en PTO.