L'organisation de son propre travail : une étude du cours d'action de cadres de l'industrie

Par Gilles Dieumegard, Jacques Saury, Marc Durand
Français

RÉSUMÉ

Cette étude analyse la manière dont des cadres organisent leur propre travail, dans l’optique théorique de la cognition située et de la théorie du cours d’action.
L’activité de deux cadres d’un établissement industriel a été étudiée pendant deux jours consécutifs. Juste avant et après ces deux jours, deux types de données ont été collectées : un relevé des traces d’activité et des instruments utilisés par les cadres (items dans l’agenda, ordonnancement des papiers sur le bureau, etc.), et des verbalisations à partir de ces relevés et d’un journal d’activité. Les cours d’action ont été reconstitués et analysés en identifiant les épisodes, séquentiels ou sériels, qui les constituaient.
Les résultats montrent que l’activité des cadres était fractionnée en épisodes courts. Les cadres situaient la majeure partie de leur activité au sein de plusieurs dizaines de macro-séquences, la plupart d’entre elles s’étendant largement avant et après les cours d’action analysés. Les différents épisodes étaient reliés par cinq catégories distinctes de transition. Ces activités étaient partiellement anticipées, ce qui se traduit dans les agendas par différentes catégories d’artefacts correspondant à différents types d’anticipation (détermination ou non d’un moment pour accomplir une activité). Une activité de communication synchrone était présente dans la plupart des épisodes, impliquant une recherche de synchronisations dans l’activité des cadres, en répondant à des urgences et en exploitant des opportunités perçues dans le cours d’action.
Finalement, l’autonomie dans le travail des cadres se révèle sous la forme d’une construction de significations étendues sur un large empan temporel, ces significations organisant l’activité de manière flexible.

Mots cles

  • Cadres
  • Activité
  • Signification
  • Anticipation
  • Synchronisation
  • Cognition située