Criteria for Strengthening the Social Utility of Work and Organizational Psychology Research: an Examination Through its Links to Practice

Cet article vise à mettre en débat les manières de travailler des chercheurs en psychologie du travail et des organisations (PTO). Quelles pratiques de recherche déploient-ils pour satisfaire des objectifs d’utilité sociale, c’est-à-dire à même de contribuer à l’autonomie et à l’émancipation des travailleurs ? Poursuivre un tel objectif suppose d’articuler pratique de recherche et visée de transformation. Comment s’y prendre et penser les liens entre ces deux domaines ? À quelles conditions et au regard de quels critères les pratiques de recherche peuvent-elles ainsi développer leur utilité sociale ? Après avoir discuté des limites du principe de neutralité axiologique au regard de l’objectif de transformation des situations de travail qui devrait selon nous présider aux recherches conduites en PTO, l’apport de cette contribution théorique réside dans la tentative de contribuer à rendre explicites les critères autour desquels les pratiques de recherche se structurent ainsi que les conditions leur permettant de s’inscrire dans un objectif de transformation sociale. Cinq critères sont proposés comme ressources pour penser l’articulation entre recherche et intervention : les valeurs et visées poursuivies ; la source et le travail de la demande ; les liens entre connaissance et action ; le positionnement du chercheur ; et la conduite de la démarche de recherche. Chacun de ces critères est examiné à l’aune du lien qu’entretient la recherche avec l’intervention, support à une analyse critique destinée à faire ressortir les pratiques susceptibles d’être mobilisées pour développer des changements socialement utiles. Cet examen nous amène à considérer plusieurs conditions pour construire des recherches socialement utiles : l’adoption et l’explicitation de visées de transformation sociale, l’appropriation des dispositifs de recherche par les acteurs de terrain, l’étayage réciproque entre connaissance et action, l’engagement dans une démarche de co-construction avec les acteurs du terrain, la construction d’une pratique réflexive et itérative. Nous interrogeons également les usages que la PTO fait des différentes pratiques à visée de changement. Quelles cibles de changement et quels horizons se donne la PTO ? Il s’agit enfin de donner à voir l’existence de représentations différentes parmi les chercheurs, au regard des dispositifs engagés, sur ce qui fait office de moteur du changement organisationnel et social, notamment quant à la place donnée à la connaissance elle-même d’une part et à l’implication des acteurs d’autre part, comme potentiels éléments déclencheurs.