Ubérisation et travail ubérisé : la déshumanisation du travail moderne

Par Jean-Félix Hamel
Français

Ces quinze dernières années, le discours médiatique et politique a vu naître de nombreux débats quant à l’ubérisation du travail au sein de nos sociétés, ainsi que des écueils et promesses du travail ubérisé sans toutefois qu’une définition consensuelle de ces phénomènes n’émerge. Afin d’ouvrir la voie à leur étude scientifique en psychologie du travail et des organisations (PTO), nous proposons de définir ces objets grâce à un panorama de la littérature internationale pouvant y être associée en sciences humaines et sociales. Nous établissons ainsi que l’ubérisation correspond à un phénomène macrosocial relatant la naturalisation du cadre de pensée néolibéral au sein du monde du travail – c’est-à-dire l’application d’une logique strictement marchande à tout, y compris l’humain. Découlant de ce cadre, le travail ubérisé désigne une organisation du travail émergente par laquelle un pouvoir prescriptif est installé et maintenu sur un ensemble de travailleurs indépendants par une organisation grâce aux outils numériques (plateformes, algorithmes). Puisque ces phénomènes semblent véhiculer une réduction des travailleurs à de simples variables économiques, nous proposons un cadre théorique novateur selon lequel le processus psychologique de déshumanisation, en dépit de ses conséquences néfastes, expliquerait leur reproduction sociale et idéologique. En plus d’offrir des perspectives prometteuses en PTO, l’étude de l’ubérisation et de ses incarnations nous semble d’autant plus cruciale qu’elle remet en question l’intérêt de la subjectivité au sein du monde du travail moderne.

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